Alimentation animale Le défi de l’indépendance protéique se relève dans l’Allier

Et si les tourteaux destinés à l’alimentation animale des élevages du Bourbonnais étaient finalement issus d’une production locale, fabriqués dans une usine locale et revendus au niveau local ? Ce pari de la relocalisation, Ucal Stockage et Protéines* l’a fait grâce à son usine de trituration située à Varennes-sur-Allier (03). Un nouvel outil flambant neuf capable de produire 9 000 tonnes d’huiles de tournesol, colza et soja et 21 000 tonnes de tourteaux de haute qualité. Montant de l’investissement : 9,5 millions d’euros.

Cohérence territoriale et logique coopérative

Le choix de la cohérence inscrite « dans une logique de proximité » selon les mots de Jean-Marc Chamignon, président du conseil d’administration d’Ucal Stockage et Protéines. Pour lui, c’est aussi la dimension coopérative qui prime : « Avec notre usine de trituration, nous rapprochons l’outil de transformation des parcelles de production et nous fournissons au département de l’Allier le moyen de transformer, de manière mécanique et naturelle, les graines produites par les agriculteurs en huiles et en aliments riches en protéines ».

Le choix d’une usine multi-graine

Car ce qui se joue ici, ce sont des questions de souveraineté alimentaire et de capacité à organiser une filière de bout en bout. « C’est une vraie prise de risques et un nouveau métier pour nous, souligne Yves Courrier, directeur d’Ucal Stockage et Protéines. Nous avons fait le choix d’une usine multi-graine afin de sécuriser notre usine partant du principe que malgré les aléas divers, nous la remplirons bon an mal an. Le colza et le tournesol sont des cultures que nous connaissons bien dans l’Allier et contrairement à ce que l’on peut penser, le soja était très représenté dans le département jusqu’aux années 60, peu à peu remplacé par le maïs ».

Relancer la culture de soja et s’affranchir des importations

Car si le soja reste très largement minoritaire en termes de production dans le département et ne représente, pour le moment, que 2 000 tonnes d’apport pour l’usine, l’ambition de valoriser une graine locale et ainsi s’affranchir des protéines extérieures est assumée. « Notre but est de baisser nos importations de tourteaux de soja et d’offrir un prix à la tonne égal ou supérieur à celui du maïs à nos adhérents. Pour l’heure, le prix est de 600 euros la tonne de soja alors que les prix à l’année varient énormément. Pour une production dont le rendement se situe autour de 2,5 tonnes par hectare. »

Il ajoute : « Cet outil est un maillage supplémentaire pour permettre de créer une nouvelle filière que nous maitriserons d’un bout à l’autre. Nous n’avions jusqu’à présent aucun problème pour les céréales et nous étions très dépendants des marchés extérieurs pour les protéines végétales en grande majorité importées ».

Des professionnels de la collecte devenus industriels

Si produire des tourteaux n’est pas chose aisée, produire de l’huile l’est peut-être encore moins. « Nous étions jusqu’alors des professionnels de la collecte et de l’approvisionnement, nous sommes aujourd’hui des industriels, c’est un nouveau métier ». Si le marché est « opaque », les débouchés sont bien là : alimentation humaine, animale, cosmétiques, industries pharmaceutiques, bio-carburants, industries alimentaires, « nous utilisons de l’huile partout et tout le temps ».

*Depuis 1988, l’Union des coopératives agricoles de l’Allier (Ucal) regroupe les trois coopératives historiques du département que sont Coopaca, VAL’Limagne.coop et SicaBB. L’entité assure la collecte, le stockage et l’approvisionnement de ses adhérents et propose des tourteaux et des huiles depuis l’automne 2022, sous la bannière Ucal Stockage et Protéines.